Lundi 26 septembre 2011
Météo : Beau temps, de plus en plus chaud. Distance parcourue : 20,6 km Distance cumulée : 899,7 km Département : La Corrèze
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Encore une journée très riche en images et rencontres.
Dès 8h15, je découvre le canal des moines d'Aubazine. Je laisse mon sac à l'hôtel et en moins d'une heure, je fais l'aller-retour.
Dans un décor très sauvage, les moines ont réalisé un véritable ouvrage d'art avec un équipement très archaïque : barres à mine, pics, marteaux ... |
Construit par les moines au XIIème, long de 1,7 km, le canal court à flanc de versant depuis sa prise d'eau sur le Coyroux, dans "la montagne". Dirigé ensuite vers le monastère, il desservait les moulins, les viviers et apportait l'eau courante à l'abbaye. C'est un ouvrage remarquable, notamment dans sa partie amont, où, en surplomb des gorges du torrent, il s'accroche à des pentes verticales et lisses.
C'est donc vers 9h15 que je commence réellement l'étape.
Je passe devant les vestiges du monastère féminin du XIIème et XIIIème avant de m'engager dans la forêt pour éviter une route trop fréquentée.
Dernier regard sur l'ensemble de l'abbaye cistercienne. |
Je suis mon tracé et au bout d'un moment, je me trouve devant un énorme éboulement de blocs de pierre sur une hauteur de 100 m au moins ! Je monte en zigzaguant, évitant les gros rochers, souvent à "quatre pattes". De l'autre côté du ravin, je voyais le canal des moines à côté duquel je me promenais tranquillement il y a moins d'une heure !
A la sortie de l'éboulis, je débouche dans une forêt mais je dois éviter des crevasses de plus en plus importantes. Enfin, un parc vite traversé et le chemin tant attendu ! A certains moments, j'avais l'impression d'être sur le GR20 en Corse.
Toutes ces émotions m'ont donné faim. J'aperçois des pommiers sur le bord de la route. Cette fois-ci, je demande la permission et c'est le propriétaire lui-même qui me cueille les fruits. C'est un agriculteur qui fait de la viande de veaux nourris pendant 8 mois par le lait de leur mère. C'est une viande très prisée par les grands restaurants parisiens, voire de l'Elysée.
"Mais ce n'est plus rentable pour nous : je reçois 8 euros le kg. A Paris, il passe à 50, voire 80 euros à cause des intermédiaires. Mes enfants ne poursuivront plus l'exploitation".
Le discours est souvent le même. La désertification des campagnes n'est pas prête de s'arrêter !
A partir d'Albignac (5ème km), je suis le nouveau balisage, qui correspond à mon tracé. A quelques kilomètres de l'arrivée, le sol, les roches deviennent plus rouges. Je traverse le massif de grès rouge qui a donné sa couleur à Collonges, encore un village classé parmi les plus beaux de France.
Collonges-la-Rouge est aussi le siège de l'association qui a ouvert le chemin ce printemps. J'y rencontre François, le président, qui a fait le premier commentaire sur le blog avant même mon départ. Avec son épouse, il m'accueille très chaleureusement et me trouve un hébergement pour la nuit. Autour d'une boisson et d'un excellent gâteau aux noix, nous donnons nos premières impressions sur la nouvelle voie.
Détente, rires, bonne humeur... avec Puce et François à Collonges-la-Rouge. |
Avant de m'installer, je fais un tour dans le village "assiégé" par de nombreux touristes. Adossée à sa colline qui la protège des vents du Nord, entièrement bâtie en grès rouge (plus sombre que celui des Vosges), Collonges bénéficie d'un micro-climat. Les nobles et bourgeois de Turenne y avaient fait construire leurs « résidences secondaires », ce qui explique la concentration de grosses maisons bourgeoises et petits castels. Ancien pays de vigne, le seul cépage qui ait résisté au phylloxera est … le Jacquet qui a ensuite servi de porte-greffe.
L'église St-Pierre est remarquable. Son clocher, du pur roman limousin, date du XIIème. Pour pallier l'absence d'un château défensif, l'église se fortifie et on rajoute l'imposante tour Sud « du Guetteur » durant la guerre de Cent Ans.
L'église St-Pierre de Collonges-la-Rouge. |
Le XVIème, plongé dans les Guerres de Religion, renforce son aspect défensif : il est dit que durant cette période, l'église servit de lieu de culte aux catholiques et aux protestants ! Mais le tympan avait été dissimulé par les catholiques dans les murs de la façade : il n'a été replacé qu'en 1923.
Au fond de l'église, se trouve la Chapelle St-Jacques, construite au XIVème siècle, témoin du passage des pèlerins.
D'autres représentations sont visibles dans le village.
Une statue de St-Jacques sur la façade d'une maison. Elle a été ramenée de Compostelle en 1955 par Roger Ouvradou, un collongeois. |