Mardi 4 octobre 2011
Ce matin, en ouvrant le volet de ma chambre, j'ai vu les lueurs de l'aube éclairer le Causse. Je n'y monterai pas aujourd'hui.
Je range mon sac différemment. J'y accroche les bâtons; je ne remplis pas mes gourdes. Il n'y a plus d'étapes... Des sentiments contradictoires m'envahissent, mélange de joie et de tristesse !
Un immense bonheur d'avoir réussi à accomplir cette première partie de mon pèlerinage, d'avoir su gérer mes petits ennuis musculaires, d'avoir trouvé des réponses à mes questions... Immense bonheur aussi de retrouver ma petite famille : Véronique, Jean François, Sandrine, Laurent, Jean-Baptiste et Louise.
Mais en même temps, il est dur de mettre un terme à ce style de vie que j'ai connu pendant deux mois : les paysages, les découvertes, le plaisir de marcher, le recueillement... mais surtout les rencontres.
Et Cahors dans tout cela ? C'est une cité antique située au coeur d'un méandre du Lot, entouré sur trois côtés de collines escarpées. Les Romains voient les avantages de ce site et fondent une ville (Divona) sur la quasi-totalité de la presqu'île. Elle est aussi au croisement d'importantes routes desservant Bordeaux, Rodez, Toulouse. Du XIIème au XIVème siècle, la ville devient une cité de commerce et d'artisanat, capitale d'un petit comté dont l'évêque est le seigneur...
L'imposant clocher-porche de l'église St-Barthélémy. Jacques Duèze y est baptisé. Devenu le pape Jean XXII, il en entreprend la reconstruction. Son frère Pierre fait aménager un imposant palais d'où émerge une haute tour, la tour Jean XXII. |
Cahors a aussi ses hommes illustres. Ici Gambetta, un des fondateurs de la IIIème République. Clément Marot, poète du XVIème est également né à Cahors. Fénelon fréquenta le collège des Jésuites dont il subsiste le campanile qu'on peut voir à l'arrière-plan. |
En flânant très tôt ce matin dans les rues étroites de la vieille ville (il faisait très frais, voire froid, mais l'après-midi, le thermomètre a atteint 27°), je découvre ces nombreux vestiges que la ville d'aujourd'hui a su préserver : des façades, des portes et leur marteau, des statues...
Manière très originale de conserver les vestiges de l'amphithéâtre romain ! Et les vapeurs d'essence ? |
En poussant la porte de la cathédrale Saint-Etienne, je suis très surpris par cette architecture inhabituelle : deux coupoles, un mur roman avec ses splendides fresques, un choeur restauré... en fait un mélange de style qui ne me déplaît pas même si je préfère l'unité architecturale de l'église abbatiale de Fontenay.
Le clocher de la façade occidentale gothique du XIIIème siècle. On remarque les deux coupoles coiffant la nef et qui classent la cathédrale dans la catégorie des "églises à file de coupoles". |
Une partie du cloître au décor gothique flamboyant. A l'arrière-plan, les fenêtres de deux chapelles du chevet. |
Le choeur totalement redécoré et ses verrières mises en place au XIXème siècle. |
Je n'ai pas voulu achever ma visite de Cahors sans voir le Pont Valentré par où les pèlerins continuent leur chemin.
En y allant, je tombe sur un accueil-pèlerins situé sur un autre pont, exactement dans la maison de l"octroi" (taxe que devaient verser les marchands, les étrangers... qui entraient dans les villes). Comme toujours, un accueil chaleureux avec sourires, biscuits, fruits secs, boisson fraîche... Je leur ai parlé de la nouvelle voie du Limousin et du Haut-Quercy, des rencontres, du chemin...
Au pied du Pont Valentré (que je n'ai pas franchi), une borne indiquant la première étape après Cahors. Il reste moins de 1200 km jusqu'à St-Jacques de Compostelle. |
Voilà, dans quelques heures, je vais prendre le train pour revenir au pays où m'attendent les miens vers 16h20... Deux mois ! Prénoms, villes, villages, paysages, soleil, poussière, pluie, boue... se bousculent sans cesse dans ma tête. Je ne veux pas faire un bilan ce soir. Je compte vous retrouver dans quelques jours pour le faire.
va ton chemin, que rien ne t'arrête."